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Transfert est-il un lieu populaire ? Ressemble-t-il à un lieu institutionnel ? Doit-il perdurer après cinq ans d’existence ? Cette semaine, ce sont les visiteur·trices qui nous répondent ! Petit tour d’horizon (non-exhaustif) du public à l’heure de l’apéritif, alors que le mix de Radio Nova prépare l’arrivée du funk cuivré de Dynamic Blockbuster. 

 

Édouard et Irène, vous êtes les voisins de Transfert, qu’a changé le lieu dans la vie du quartier ?
Édouard (11 ans) : Je vis dans le camp d’à côté et avant, il n’y avait rien ici, donc pas grand chose à faire. Là, je vois des spectacles que je n’aurais jamais vus !
Irène (13 ans) : Moi, je viens du Corbusier à Rezé. Ici, c’est le seul endroit où l’on peut voir ses copains avec du monde et de la musique autour, même s’il arrive parfois qu’on se fasse engueuler par les gens qui travaillent ici (rires).

Transfert se veut comme un lieu d’expérimentation et d’utopie, vous sentez-vous plus libres ici qu’ailleurs ?
Valentin (26 ans, nouveau Nantais) : Je me sens libre partout ! Mais il faut bien plus d’endroits comme cela ! Il y a ici un beau mélange des gens et des genres. Attention, ce n’est pas une zone de non-droit, mais un beau bordel où les artistes peuvent s’exprimer librement !
Malika (32 ans, fonctionnaire à Montpellier) : C’est un lieu où tout le monde se sent à sa place.
Arthur (19 ans) : Personne ne se juge, ce qui produit une atmosphère bienveillante. D’ailleurs, je parle peu du lieu aux gens pour que cela reste un secret pour les habitués (rires).
Pauline (23 ans, étudiante à Rennes) : Ici, chacun s’occupe à sa façon. Le décor nous change des bâtiments modernes bien trop lisses et coûteux, tout en restant convivial et beau. Comme quoi c’est possible !

Transfert est-il un lieu « populaire » ?
Maridouce (journaliste spécialisée dans l’urbanisme à Paris) : Les lieux d’occupation temporaire sont très à la mode, mais je me demande si cela attire un public populaire… Je vois beaucoup de jeunes branchés (rires).
Louison (nièce de Maridouce et habituée des lieux) : Non, il y a plein de familles, surtout la journée. Avec la programmation artistique, il y en a justement pour tous les goûts !
Arthur : C’est la spécificité de Transfert, ce brassage des genres ! Je ne connais pas beaucoup de lieux à Nantes où des populations si différentes se rencontrent.
Dorothée (dont le bébé dort dans les bras) : Lorsque mon mari m’a invitée à venir, il m’a parlé du Remorqueur, dans lequel il a beaucoup de souvenirs de fête, et d’une ambiance à la Mad Max. Je n’imaginais justement pas que l’atmosphère serait aussi familiale. Ici, mon bébé dort, ma fille fait
du toboggan et on m’a offert un massage hawaïen. Ça n’est pas vraiment ma vision de l’apocalypse (rires).
Maridouce : Il faut avouer que l’ambiance est plus joyeuse et moins « bobo » qu’un équivalent parisien comme Les Grands Voisins.

Vous sentez-vous à Nantes, lorsque vous êtes à Transfert ?
Tout le monde : Non, on se sent au milieu de nulle part !

Le projet Transfert est en partie financé par Nantes Métropole, le lieu ressemble-t-il à un lieu subventionné ?
Franck (40 ans, vendeur en automobile) : Les Nantais ont l’habitude des projets originaux et déglingués faits avec de l’argent public comme les Machines de l’Île.
Amandine (34 ans, serveuse en restauration) : Je trouve que ça n’a rien à voir avec Le Voyage à Nantes. Transfert est justement un projet moins anesthésié et bien plus libre artistiquement. Le « pas de côté », il est ici (rires) !

Le projet Transfert court jusqu’en 2022. Ensuite un projet immobilier prendra le relai. Voudriez-vous que ce lieu reste et soit intégré dans ce nouveau quartier ?
Valentin : Ce serait une bonne chose ! Mais le côté éphémère du lieu lui donne du charme… C’est aussi pour ça que l’on s’y précipite !
Amandine : Savoir que cet endroit est habituellement fermé nous donne l’impression de braver l’interdit.
Lou (26 ans, étudiant) : Disons qu’il faudrait régulièrement des nouveautés, faire évoluer le projet pour qu’il reste étonnant.
Malika : Pour moi, ce n’est pas du tout incompatible avec la vie d’un quartier.
Maridouce : Il faut repenser la manière de construire une ville. En France, lorsque je regarde les nouveaux bâtiments, je suis bien incapable de dire si je suis à Bordeaux ou à Roubaix car les immeubles se ressemblent tous. J’aimerais effectivement des quartiers moins factices, plus
vivants, avec une réelle identité locale.
Pierrick (48 ans, informaticien) : Si tout le monde a sa place ici et s’y sent bien, pourquoi s’arrêter là ?

 

Propos recueillis par Pierre-François Caillaud (rédacteur en chef du Magazine Grabuge)
Photo © Alice Grégoire