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À sa sortie de terre en 2018, le projet a initialement été pensé sur cinq ans. L’année 2022 marque la fin de l’exploitation de Transfert. Pour autant, conclusion ne veut pas dire disparition. En cette cinquième année, l’heure est donc à la discussion afin d’envisager l’empreinte que laissera le projet Transfert sur le futur quartier de la ZAC (zone d’aménagement concerté) Pirmil – Les Isles qui accueillera jusqu’à 3300 logements d’ici 15 ans. Quel sera l’héritage de ces années de rencontres et de dialogues entre un territoire et un projet culturel ? Prendra-t-il une forme matérielle ou immatérielle ? Quel récit le projet Transfert a-t-il écrit depuis la révélation du site en 2018 ?

Depuis ses débuts, l’aventure Transfert s’est donnée pour mission de transformer un désert en un lieu de vie, de transmettre des histoires et de préserver les ressources imaginées sur le site pour faire éclore une cité conviviale, hospitalière, permissive et humaine. Le projet a été pensé et construit pour et autour des usagers·ères afin de les amener à questionner la place de l’art et la culture dans la fabrique de l’espace urbain tout en s’appropriant les différents espaces. Cet objectif guide les expérimentations du Laboratoire de recherche-action qui travaille à la production de connaissances en s’inscrivant dans une logique d’action. 

Que restera-t-il de ces cinq années d’art, de culture, de recherche et d’expérimentations ? Comment intégrer le récit du projet Transfert à la création du futur quartier et les aménagements de Pirmil-les-Isles ?

Afin de récolter les avis des voisins et voisines de Transfert, publics, membres d’associations et habitué·e·s du territoire à ce sujet, le Laboratoire a organisé, jeudi 28 avril, le premier collège des usagers·ères 2022. Ce temps privilégié de discussion, d’échanges et de concertation conviviale était pensé autour de trois grandes thématiques. La méthode des 3C a été utilisée. Cette méthode consiste à se pencher sur ce qui peut être conservé, ce qui devrait cesser ou être modifié, et enfin ce qui doit être créé.

  • Conserver : Cette catégorie permet de mettre en lumière ce qui fonctionne bien aujourd’hui ; ce qui
    est important ; ce que l’on aimerait le plus garder, en sachant que l’on ne peut pas tout garder ; ce qui devrait rester dans le futur quartier.
  • Cesser/modifier : Permet d’exprimer ce qui fonctionne moins bien ; ce qui doit être revu ou adapté ;
    ce qui doit tout simplement être arrêté et qui n’a pas sa place dans le futur quartier.
  • Créer : Cette catégorie invite les participant·es à imaginer ce qui pourrait être mis en place dans le
    quartier ; ce qui n’existe pas et qui manque ; ce qui est important dans un quartier.
    Il s’agit ici de se projeter ensemble dans le futur quartier, et non de simplement recueillir les différentes demandes des habitant·es. L’atelier a plutôt pour but de permettre à chacun·e d’exprimer son point de vue, de partager son expérience personnelle et ses envies. Cela servira à Transfert dans la construction de sa réflexion sur les legs et la forme que peut prendre l’héritage du projet.

Les participant·es ont d’abord eu un temps pour réfléchir à ces 3 catégories de manière individuelle. Ainsi chacun·e se plonge vraiment dans le sujet, sans être influencé·e par le discours des autres, et peut donc construire une réflexion qui lui est propre.

Suite à ce temps individuel, les participant·es se sont réuni·es en groupes de 4 à 5 personnes. Cela a permis de constater les points communs, les choses qui mettent d’accord mais auxquelles tout le monde n’avait pas forcément pensé, éventuellement les désaccords. Dans tout les cas, chacun·e explique et justifie ses choix. La discussion ainsi créée, mène à la rédaction de nouvelles fiches pour chaque catégorie, écrites en commun, qui seront restituées à l’assemblée par une personne du groupe.

Cet atelier a permis de mettre en évidence l’attachement de l’entourage de Transfert au projet et la volonté de ne pas le voir disparaître totalement. Des éléments physiques du site ont été cités, comme le crâne de vache, le remorqueur ou le cobra et les containers, avec toutefois un questionnement sur la façon dont ils pourraient s’intégrer dans un quartier avec une esthétique totalement différente. Ce qui est davantage ressorti est la dimension immatérielle du projet, les expériences vécues, l’ambiance particulière, l’esprit de liberté et de créativité qui règne dans ces lieux. Les usager·ères mesurent également l’ouverture du lieu, le fait que l’on puisse rencontrer des personnes aux profils très variés et l’accent mis sur l’accessibilité, notamment des personnes en situation de handicap ou des personnes de différentes générations (enfants et seniors), cependant la perfection sur ce point n’est jamais atteinte et cela devra donc être pris en considération dans le futur quartier. Enfin, les participant·es imaginent un quartier vivant, avec de vrais espaces de rencontre, des cafés, des animations, des commerces de proximité, des éléments artistiques, sont forme de parcours ou d’évènements plus éphémères ; finalement, un quartier convivial, animé et vivant.