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Qui aurait cru que la palette qui traînait au fond de votre garage pourrait constituer un bar d’intérieur que vos amis se plaisent à vider tous les samedis ? La Ressourcerie de l’Île, bien sûr ! Florian Menoury y travaille depuis maintenant deux ans et co-anime à Transfert un atelier de détournement d’objets tous les samedis de 10h à 13h30. Rencontre avec un adepte du zéro-déchet.

 

Quelle était la demande de Pick Up Production lorsque l’association a fait appel à vous ?
C’était de transformer des meubles pour ensuite les utiliser sur le site de Transfert. Mais il fallait que les gens participent ! Nous sommes là pour apporter le matériel, nos outils et surtout nos compétences, mais le public construit lui-même le mobilier.

Aviez-vous des objectifs en terme de mobilier à produire ?
Non, c’est justement ce qui est passionnant avec cette collaboration avec Transfert. Il n’y a aucune obligation de résultat ! Chacun vient avec ses idées et l’on essaye d’aller jusqu’au bout de celles-ci, sans savoir si elles aboutiront. Au final, on s’est permis des expérimentations que nous n’aurions jamais osé tenter et qui se sont transformées en succès. Il est grisant d’avancer sans toujours savoir où l’on va exactement. C’est assez rare au quotidien, pour plein de raisons, notamment financières.

Sens-tu aujourd’hui un intérêt pour la récupération qu’il n’y avait peut-être pas il y a 10 ans ?
C’est évidemment dans l’air du temps et tant mieux ! On sent clairement que le discours écologique autour de la limitation des déchets est de plus en plus entendu. Les gens adoptent le réflexe d’amener leurs meubles chez nous plutôt que de les déposer à la déchetterie. De plus, ils retirent toujours une certaine fierté à faire eux-mêmes les choses etrepartir avec une pièce qu’ils ne verront chez personne. Et nous n’en sommes qu’au début, on peut encore aller plus loin ! La plupart des choses que l’on jette peuvent être réutilisées.

Quel public accueillez-vous lors des ateliers que vous animez à Transfert ?
Certains sont des avertis qui ne ratent aucun atelier, d’autres rentrent parce qu’’ils ont vu de la lumière (rires). Tout le monde se prend rapidement au jeu. Une partie du public est accrochée par la portée militante et écologique de la récupération alors qu’une autre apprécie simplement de redécorer elle-même son intérieur. Et parfois les deux, il n’y a que des bonnes raisons !

Ces publics vous ont-ils permis de vous dépasser ?
Bien sûr ! Nous fournissons les meubles, mais les gens viennent avec leurs bras, leur tête et surtout leur imagination. Si nous les orientons parfois, ils ont régulièrement des idées que nous n’avions jamais eues et qui fonctionnent ! On a construit une mare aux canards avec un haut de meuble, une table de chevet avec des tiroirs, et même des bancs ou des canapés avec un sommier de grand-mère ! Les gens ont plus d’imagination qu’ils ne le pensent.

Cette non-obligation de résultat libère-t-elle cette imagination ?
Oui, il ne faut pas avoir peur de l’échec ! C’est tout l’intérêt de l’expérimentation. Moi aussi, il m’arrive de me tromper alors que c’est mon métier ! On apprend toujours quelque chose d’un échec. Et finalement, on a relevé tous les défis que l’on s’était imposés. Parfois, cela a juste pris plus de temps que prévu. Et l’important était de le faire ensemble !

 

La Ressourcerie de l’île 

90 Rue de la Basse Île, 44 400 Rezé



Propos recueillis par Pierre-François Caillaud
 (rédacteur en chef du Magazine Grabuge)
Photo © Julien Daden