Chaque année, Transfert publie son rapport d’évaluation intitulé « Utopie Urbaine ». Cet outil propose une lecture du projet selon de multiples prismes : espaces, usages et ambiances / publics et usager·ères / acteur·trices et rôles / futur quartier et fabrique de la ville.
Dans cet article, nous vous invitons à lire le dernier chapitre du quatrième tome du rapport d’évaluation (l’année 2021) « 18. Futur quartier et fabrique de la ville » qui interroge la construction d’une cité au regard des phénomènes observables sur le site de Transfert.
Quelle place les projets comme Transfert occupent-ils dans la fabrique urbaine ?
Que restera-t-il de cette aventure dans le futur quartier ?
Villes et espaces publics sont un construit, un attachement réciproque entre un lieu et un groupe humain. Parti d’un espace non bâti, Transfert propose une place publique à l’échelle un, avec différentes dimensions : scénographie, usages, ambiances, rencontre avec l’altérité, mise en récit, héritage d’une période à l’autre. La présence de Transfert dépasse largement la question d’une animation des espaces en transition pour s’intéresser à la fabrique de la ville elle même.
Longtemps dominée par des courants idéologiques donnant peu de place à la vie citadine et aux interrelations, la fabrique urbaine se pare depuis une vingtaine d’années de nouveaux concepts pour lutter contre l’uniformisation, améliorer les cadres de vie et développer l’attractivité.
Ville créative ou événement, urbanisme tactique, forain ou fictionnel sont autant de concepts qui renouvellent le dessin (dessein) urbain. Pour leurs valeurs de créativité et d’inspiration, artistes et acteurs culturels sont largement convoqués au service de ces concepts, lesquels ne sont pas dénués d’effets pervers : instrumentalisation, intrusion des outils marketing, gentrification.
Transfert se trouve à la croisée des enjeux : proposer une expérimentation au service de nouvelles urbanités souhaitées par les politiques publiques et mettre en critique la fabrique de la ville afin qu’elle soit investie au-delà de son cercle d’expertise.
Ici on a un spot permissif, un spot d’expérimentation. Je pense que c’est ça qui est intéressant ; ce que devrait être la ville avec Transfert demain. Ne pas forcément programmer ou figer toutes les choses, mais continuer de faire, au compte gouttes, avec les gens qui arrivent, avec les nouvelles rencontres… Que le quartier puisse se teinter de la couleur de Transfert, de certaines sonorités, que ce futur quartier puisse adresser les questions qui sont posées ici à Transfert depuis cinq ans.
Antoine Gripay – Studio Katra
« Les entretiens du R7 » Transfert 2021

Depuis quatre ans, cette surface vierge des anciens abattoirs de Rezé est occupée par des habitants : artistes, travailleurs, usagers, en particulier les enfants et adolescents qui grandissent dans cet espace. Ces habitants, leurs pratiques et leurs usages seront-ils pris en considération dans le futur quartier ? En tant que « déjà-là », comment la ressource Transfert sera-t-elle prise en compte ? Le transitoire et l’éphémère sont-ils voués à l’animatoire ou l’instrument de changements durables ? Pour répondre à ces questions, deux grands axes de travail occupent les différentes parties prenantes : trouver une traduction de l’aventure Transfert dans le futur quartier et modéliser les résultats de l’expérimentation pour essaimer à d’autres échelles.